Camille Fallet
Les images sélectionnées sont extraites d’un ensemble plus vaste d’images sur l’Aveyron. C’est un fond d’images documentaire qui tente de saisir «la culture» de ce territoire. Cette sélection s’est opérée aux franges et au cœur de cet ensemble. Les images extraites se présentent ici comme des «standards» et vont à l’encontre de l’idée de série en photographie. C’est vrai pour leurs supports d’origines : il y a différents formats de prise de vue et de sensibilité très différentes. C’est vrai pour les sujets et la distance : la frontalité de certaines images rompt avec la distance entretenue des autres. C’est le rapport qui s’établit entre les images qui créer une globalité, la possibilité de récits. Pour autant chaque image se veut indépendante, un fragment qui vaut pour un tout. Il ne s’agit plus ici de documenter l’Aveyron mais d’en tirer des images génériques. La façon dont est envisagée le réel n’exclue pas la prise en compte de son sentiment. Je cherche comment une image peut être porteuse d’émotion commune à tous. Une fois confronté à la photographie ou au document qu’est nécessairement une photographie, alors le sujet s’avère bien ordinaire. L’efficacité formelle du standard ne peut pas au final éluder le réel du sujet. La force descriptive de la photographie nous renseigne sur notre méprise : il ne s’agit pas d’icônes, mais d’indices et de signes.
The images selected are taken from a larger collection of images of Aveyron. It is a collection of documentary images that attempts to capture the ‘culture’ of this region. This selection was made on the fringes and at the heart of this collection. The images extracted here are presented as ‘standards’ and run counter to the idea of series in photography. This is true in terms of their original media: there are different shooting formats and very different sensitivities. It’s true for the subjects and the distance: the frontal nature of some images breaks with the distance maintained by others. It is the relationship that is established between the images that creates a globality, the possibility of narratives. The aim here is no longer to document Aveyron, but to draw generic images from it. The way in which reality is considered does not exclude taking its feelings into account. I’m looking for ways in which an image can convey a shared emotion. Once confronted with the photograph or the document that a photograph necessarily is, the subject turns out to be quite ordinary. The formal efficiency of the standard cannot ultimately evade the reality of the subject. The descriptive power of the photograph reveals our misunderstanding: these are not icons, but clues and signs.